Où en sont les recherches sur le Coronavirus ?

Où en sont les recherches sur le Coronavirus ?

L’équipe de Jason McLellan, de l’Université du Texas à Austin, a réussi le tour de force de déterminer la structure des spicules du nouveau coronavirus du Wuhan et de la publier dans la revue Science mercredi soir, moins de cinq semaines après la publication de son génome.

« C’est un travail qui demanderait un ou deux ans en principe, c’est absolument vertigineux. »

Étienne Decroly, chercheur au laboratoire Architecture et fonction des macromolécules biologiques (Aix-Marseille Université-CNRS)

Pour y parvenir, les chercheurs ont produit artificiellement un grand nombre de ces spicules à partir de la séquence génétique qui code pour leur synthèse dans le génome du coronavirus. Ils ont ensuite pris des milliers de clichés par microscopie électronique des molécules obtenues pour parvenir à en reconstituer la structure en trois dimensions.

Les auteurs en ont tiré plusieurs enseignements. Pour commencer, la porte d’entrée du virus dans les cellules humaines est bien le récepteur ACE-2, comme on le pensait. C’est la même que celle utilisée par le virus du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) à l’origine de l’épidémie de 2003. La clé virale est cependant un peu mieux adaptée à la serrure, ce qui expliquerait au moins en partie la facilité avec laquelle le nouveau coronavirus se répand. Les chercheurs ont par ailleurs testé sur la nouvelle clé des anticorps développés contre le SRAS pour l’empêcher de se fixer aux cellules. Cela n’a pas bien marché. La nouvelle clé est de toute évidence trop différente.

Deuxième trouvaille : les chercheurs ont découvert un petit "site" de maturation sur le pic que l’on retrouve notamment chez certains virus de la grippe, et qui favorise l’infection. En effet, lorsqu’un nouveau virus est produit, les "clés" qui lui permettent d’entrer dans une cellule ne sont pas encore matures. Il ne peut donc pas bien se fixer aux récepteurs de la cellule qui l’a produit, ce qui lui permet de s’échapper plus facilement pour aller contaminer une nouvelle cellule. Il lui faudra pour cela rencontrer en chemin une enzyme capable de modifier ses pointes pour les rendre opérationnelles. Enzymes qui se trouvent naturellement dans le corps de l’hôte à infecter. La gorge et les poumons pour le coronavirus chinois, par exemple.

En l’occurrence, le site de maturation découvert sur les spicules est particulièrement sensible aux enzymes de "découpage" qui les activent. « Avec Étienne Decroly, nous avions justement observé la séquence qui code pour ce site dans le génome du coronavirus publié en janvier, mais nous ne savions pas si cette partie de la protéine était bien exposée vers l’extérieur », décrypte Bruno Coutard, professeur à l’unité des virus émergents (Aix Marseille Université - IRD - Inserm - IHU Méditerranée Infection). La structure publiée nous permet de le confirmer. Leur hypothèse pour expliquer la facilité avec laquelle le virus se répand se trouve ainsi confortée.

Maintenant que les chercheurs du monde entier ont connaissance de la nature et de la structure particulière de la clé virale, cela pourrait ouvrir la porte à de nouveaux traitements. « La couronne du virus est une cible évidente pour la vaccination , souligne Étienne Decroly. Si l’on parvient à entraîner les cellules à produire des anticorps capables de se fixer sur cette cible, on empêche le virus de pénétrer dans les cellules. » Autre possibilité, injecter directement de tels anticorps pour soigner une personne malade, ce qu’on appelle de l’immunothérapie. Dans un cas comme dans l’autre, identifier précisément la cible est une étape fondamentale pour diriger correctement les efforts de recherche.

Une trentaine de Français rapatriés de Chine en Normandie

Alors que plus d’un millier de nouveaux cas se déclaraient chaque jour en Chine, le pays s’est félicité mercredi d’une baisse spectaculaire du nombre de nouveaux patients infectés. Ils étaient seulement 673, ce qui porte tout de même à plus de 74.500 leur nombre total, parmi lesquels plus de 2100 morts. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a souligné mercredi qu’il était « encore trop tôt » pour parler d’endiguement de l’épidémie tout en applaudissant les « énormes progrès » effectués dans la gestion de l’épidémie. La France a envoyé mercredi soir un nouvel avion dans la ville de Wuhan, épicentre de l’épidémie, pour rapatrier une trentaine de ses ressortissants ainsi que quelques Européens. Les Francais atteints par le Coronavirus seront placés en quarantaine dans un centre de vacances en Normandie pour une période de 14 jours. Par ailleurs, les passagers du bateau de croisière Diamond Princess, immobilisé au Japon depuis plusieurs semaines, ont commencé à débarquer alors même que le navire, qui constitue le principal foyer épidémique hors de Chine, enregistrait dans le même temps ses deux premiers morts (sur plus de 600 personnes infectées).

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